PLAN D’AMENAGEMNT DU BOULEVARD ABDOU DIOUF, Entre vices de formes et incongruités…

Gscom Team 19/02/2020 12:53:50 Développement
PLAN D’AMENAGEMNT DU BOULEVARD ABDOU DIOUF, Entre vices de formes et incongruités…

Le projet d’aménagement du boulevard Abdou Diouf initié par le maire Moustapha Diop fait couler aujourd’hui beaucoup de salive dans Louga comme ce fut le cas lors de son inauguration.  Pour rappel, le nom donné à ce boulevard est une initiative de Aminata Mbengue Ndiaye ex maire de Louga, qui a été matérialisée le 3 décembre 2014 par l’équipe municipale actuelle dirigée par Moustapha Diop. Depuis cette date, ce dernier avait annoncé un peu partout qu’il allait en faire la plus belle avenue du Sénégal. L’objectif de faire de cette infrastructure située à l’extrémité ouest de la Commune un nouveau cœur de ville avec des activités administratives, économiques, sportives et culturelles ainsi que des activités de loisir et de détente  est salué par tous les Lougatois au vu de la noblesse de l’idée. Mais l’esquisse de ce projet, illustrée par une présentation à travers un document Powerpoint mise aujourd’hui à la disposition des membres du Conseil municipal pose un véritable problème. La mise en œuvre de ce projet comporte des anomalies majeures sur un double plan.

Le premier est le plan normatif. Il a été conçu par le cabinet « Archi Seck Design » et se compose de 10 programmes juxtaposés.  Il comporte maints vices de forme. Les conditions dans lesquelles la conception du plan d’aménagement ont été attribuées à ce cabinet sont des plus nébuleuses. Cette tare initiale fait qu’aujourd’hui certains programmes qui figurent dans ce plan  d’aménagement sont fortement contestés par certains conseillers municipaux.

Autre motif de récusation de ce plan d’aménagement, c’est qu’il n’a pas fait l’objet d’un appel à concurrence. Il s’agit en vérité d’un marché de gré à gré passé entre le cabinet du maire et le cabinet d’architecture « Archi Seck Design » pour un coût de trois millions qui était inscrit dans le budget 2019. Pour l’instant, à la place d’un véritable plan d’aménagement, les conseillers doivent se contenter d’un simple document Powerpoint avec quelques croquis sommaires en attendant l’animation vidéo en 3D qui sera fournie dans la deuxième phase du projet. Une tare entrainant une autre, c’est à une véritable gangrène que l’on assiste dans cette affaire menée avec un amateurisme de juvénile. C’est bien parce qu’il n’y a pas eu de délibération au conseil municipal que des termes de référence n’ont pas été élaborés et qu’une mise en concurrence ou une Demande de Renseignement de Prix n’ont pas eu lieu. Toutes les étapes de la procédure normale telles que prévues dans la législation en matière d’attribution des prestations dans les opérations de maîtrise d’ouvrage publique (MOP) ont été  superbement ignorées. Encore une fois, la mairie de Louga ou tout au moins le cabinet du maire de Louga joue à cache-cache avec la loi. Leur  Messi, très fort dans l’art de feinter tout le monde a, pour cette fois-ci fait du grand art. Il a contourné le conseil municipal qui ne l’a même pas vu passer, dribblé la loi et s’est retrouvé très facilement seul à seul avec l’administration. Une autre anomalie qui figure dans ce plan concerne l’intégration d’un parc à loisirs dans sa conception. Il s’agit en fait plus prosaïquement d’un manège pour enfants comme on peut en voir dans certains quartiers de Dakar. Une surface de 6000 m2 a été attribuée à un Giedénommé « Gie : Domaine agricole Mame Cheikh Mbaye ». La chose paraît  très étrange au regard de la différence de nature qui existe entre son objet social et l’activité qui lui vaut l’intégration dans le plan d’aménagement. Au-delà de cette bizarrerie, il est annoncé que ce parc sera financé à raison de 500 millions de francs. Voilà encore une histoire comme dans les jeux olympiques de Sotchi. Ici le cabinet du maire  se la joue à la russe et fait le parfait Poutine. Il crée des poupées russes en enfilant du faux dans du faux. Peut-être qu’avec 500 millions pour son manège, il parviendra à faire du boulevard Abdou Diouf une réplique tropicale des Champs Elysées. C’était un vœu qu’il avait émis. Qui sait ? Il veut peut-être s’offrir un petit Disneyland à Louga. Ce qui est ubuesque dans l’affaire, c’est que l’offre de ce Gie dont les discussions sont en cours n’a pas encore fait l’objet d’une approbation par le conseil municipal alors qu’il est déjà intégré dans le plan d’aménagement. Le porteur de l’offre est une personne inconnue chez la plupart des conseillers. Quant au contenu de son offre, mystère et boule de gomme. Le plan exécutif est le second côté où pèche ce projet. Visiblement, le cabinet d’architecture a travaillé sur une véritable tabula rasa. Quelques incohérences existent manifestement dans la combinaison ou, mieux, dans l’enchevêtrement des programmes. Rappelons qu’ils sont au nombre de dix dont certains comme celui concernant la construction des cantines ou du manège sont fortement contestés par quelques franges de la population. Au total, il est prévu dans l’aménagement du boulevard l’édification de 168 cantines de 16 m² avec une petite toilette à l’intérieur, réparties dans trois blocs en face de l’Hôpital Ahmadou Sakhir Mbaye. Le premier bloc abritera 108 cantines et le troisième 60 cantines tandis que le second sera réservé à un grand restaurant  de 200 m², une pâtisserie de 100 m² (exemple des brioches dorée), une superette de 100 m² et deux pièces réserves de 100 m². Sur plusieurs points, cette initiative pèche par son impertinence. Quelle idée que de vouloir mettre des fast-foods devant un hôpital ! Il fallait le faire. Mais c’est pas là le seul péché véniel. Le pire, c’est de vouloir installer un marché devant un hôpital, puisqu’en fait c’est de cela qu’il s’agit. Les alentours d’une infrastructure de cette nature doivent être obligatoirement une aire de silence exempte de pollution sonore, c’est une mesure que tout aménagiste doit impérativement respecter.

Autre critique, et sans doute pas la dernière adressée par les Lougatois à ce volet du plan, c’est la volonté de « cantiniser » le boulevard. C’est devenu pratique courante chez les maires de construire des cantines partout et n’importe où au prétexte d’améliorer les recettes municipales. Cette tendance a la malencontreuse conséquence de transformer nos cités en souks. Que dirait-on  à Dakar si Colobane se serait trouvé en face du CHU de Fann ou Sandaga à proximité de Le Dantec. C’est un peu à un scénario de ce genre que l’on nous convie dans ce plan d’aménagement.Incongruité supplémentaire, il s’agit de l’édification du parc à loisirs en face des bâtiments administratifs comme le Bloc fiscal, la Poste, les services du Cadastre et de l’Urbanisme. Un parc à loisirs, on le sait, est producteur de pollution sonore. La musique y est jouée avec force décibels, ce qui va nuire au bon fonctionnement de ces administrations. Il y a là un mélange de genres dans la conception urbanistique. Un pôle administratif ne peut en aucun cas contenir un parc de loisirs. Cela va de soi et le premier aménagiste vous le confirmera. En outre, la procédure très obscure de l’installation de ce manège a déjà suscité une vive contestation de Lougatois parmi lesquels certains membres du Conseil municipal à travers le collectif « AAR boulevard Abdou Diouf ». Ce plan d’aménagement a manifestement été conçu sans aménagiste, sans urbaniste sans aucune étude environnementale. Tout de même, il faut reconnaître que tout n’est pas mauvais dans ce projet. Par exemple il est prévu des espaces publics ouverts avec des bancs, des parkings, un parcours sportif, deux ronds-points avec jet d’eau. Mais la « cantinisation » sur le boulevard et devant l’hôpital et l’installation d’un parc de loisirs en plein cœur du centre administratif posent problème et ne rencontrent pas l’assentiment des populations.

Les autres aspects à reprocher à ce plan sur ce chapitre sont de nature exécutoire. L’aménagement du boulevard Abdou Diouf ne figure pas dans le budget de la commune pour l’année 2020. Où trouvera-t-on le financement pour sa construction ? Encore une autre équation dont le maire a peut-être la solution. Qui sait ? Il se susurre que l’option de PPP est retenue par le cabinet du maire. Cette  option laisse perplexe les populations quand on sait qu’au niveau de la mairie le vendeur de ciment est en même temps fournisseur de matériel roulant comme la nacelle, le vendeur de foin gagne un marché de construction et un membre de la commission d’achat est également… fournisseur et entrepreneur. Pour une bonne réussite du ppp,  il semble urgent au sein du conseil municipal de Louga de renforcer les capacités de ses membres. Une opération de partenariat public privé comporte toujours des risques dont l’identification et la répartition de la gestion relèvent aussi de la responsabilité des membres du conseilmunicipal. A ce titre, ils se doivent d’avoir les capacités pour se prononcer sur de tels enjeux. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils seront en mesure de s’approprier les projets qui seront soumis à leur approbation et ainsi éviter ce  manque de transparence qui semble être une marque de fabrique de la mandature actuelle.

Aussi, le maire Moustapha Diop gagnerait à être plus réceptif aux demandes d’explications des populations, du collectif  et de certains membres du conseil municipal. Son mutisme légendaire suscite beaucoup de récriminations.

Il a intérêt  à écouter les populations pour éviter le syndrome de ses divers programmes qui sont finalement devenus des éléphants blancs.  La  réfection et construction des halles et marchés attribué par on ne sait quelle magie à l’entreprise « Ndiaye et Barro ».

Pour ce projet tous les acteurs étaient d’accord sur la nécessité de rendre ce marché conforme aux normes de sécurité et d’hygiène et, c’est sur les modalités de remise à neuf et les prix proposés par le promoteur pour entrer en possession des nouvelles cantines que les discussions ont achoppé par défaut de communication…

Il y a aussi le projet de partenariat entre la Commune et Petrucci Energy pour la transformation des déchets.

Le conseil avait donné quitus au maire pour la mise en place d’une société pour la réalisation et la gestion de ce projet dénommée « LougaGreen ».

Le principe d’une prise de participation de la commune au capital de « Louga Green », était une manière d’autoriser le maire à désigner les représentants de la commune dans le conseil d’administration de cette société, lui donner quitus pour effectuer toute démarche utile à la prise de participation de cette société et signer toutes requêtes et tous documents administratifs, techniques ou financiers relatifs à la prise de participation de la commune au capital de « Louga Green » et approuver l’affectation d’un terrain de 1500 m2 pour abriter une unité de traitement et de transformation des ordures. Pour rappel, « Louga Green » est la société de projet qui devait être opérationnalisée dans le cadre du partenariat public privé conclu entre la commune de Louga et une société italienne du nom de Petrucci Energy en vue de la mise sur pied d’une unité de traitement et de transformation des déchets et de production d’électricité. Mais, hélas l’affaire est encore en état de projet.

Quant à la convention de partenariat pour la fourniture, l’implantation, la formation et l’utilisation d’une unité de presse à briques, blocs et tuiles à Louga, elle est devenue une nébuleuse car le la Chambre des métiers de Louga actionnaire du projet semble être exclueparce que n’étant plus associée au fonctionnement dudit projet. Pour tout dire, l’amateurisme est à éviter encore une fois et il  convient de réaménager ce plan d’aménagement. Il appartient au maire en toute humilité d’avoir une démarche inclusive pour sortir de cette crise qui n’a que trop duré et ainsi éviter un forcing dangereux pour la ville.

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