Louga : La guerre fait rage entre partisans et adversaires de Moustapha Diop mais, dit-elle épouser les contours d’une xénophobie ?

Gscom Team 19/06/2020 21:00:38 Politique
Louga : La guerre fait rage entre partisans et adversaires de Moustapha Diop mais, dit-elle épouser les contours d’une xénophobie ?

C’est une bataille quasiment fratricide qui se joue dans la commune de Louga. D’une part les  proches du maire, Moustapha Diop et, d’autre part ceux qui ont rejoint le camp de Mamadou Mamour Diallo. Ils sont pourtant tous supposés être du même bord en tant que militants de l’APR mais leur adversité (pour ne pas dire leur rivalité) est si forte, si omniprésente dans le champ politique de la ville que cela en est devenu indécent. Les échanges de civilités d’antan se sont transformés en échanges de propos amers, la camaraderie d’hier est devenue inimitié. Et, en face, l’opposition qui rit sous cape en constatant que la majorité est en train de s’entredéchirer sous ses yeux.

Exemple le plus achevé de cette guerre des clans, la chasse à madame Ndoye. Cette dame, qui n’est pas originaire de la ville est aujourd’hui vouée aux gémonies par les partisans de Moustapha Diop parce qu’elle a eu l’outrecuidance de rejoindre le camp de Mamadou Mamour Diallo et de contester la validité d’une délibération du Conseil municipal auquel, selon ses dires, elle n’aurait pas été convoquée en tant qu’adjointe au maire. Du coup, certains n’hésitent pas à la traiter d’«étrangère» ingrate qui s’oppose à des «Lougatois  bon teint, qui ne sont pas venus d'ailleurs par une aube fraîche et qui par un crépuscule sombre repartiront sur la pointe des pieds».

Ces propos, à la limite de la xénophobie ne sont pas conformes à la tradition d’hospitalité et de commun vouloir de vivre ensemble qui caractérisent le Ndiambour. L’adversité politique ne doit pas conduire à de tels excès au regard de l’histoire de notre ville et de notre terroir qui est un creuset de tolérance et de respect de l’autre, fut-il originaire d’ailleurs. Un rappel historique pour ramener la sérénité :

«Tampon entre le Walo, le Djoloff, le Cayor et le Baol, carrefour de races et de civilisations, le Ndiambour fut un creuset où les descendants de Conquérants Socés déjà présents dans la région aux 12è et 13è siècles, les Sérères, les Lébous, grands constructeurs de villages, et les Peulhs, ont fondu pour donner «un métissage compliqué où le dosage de sang Ouolof, Peulh, Arabe, Soudanais ou Berbère est indiscernable» des types qui ne sont pas exempts de finesse tant physique qu’intellectuelle».

Escale captivante par l’on ne sait quoi de mystérieux qui retient et fixe finalement l’hôte de passage, Louga s’est très vite enrichi d’un capital humain des plus raffinés, des plus spirituels, des plus religieux, des plus entreprenants, qui a toujours su rencontrer la providence avec le légendaire Serigne Louga son patron, le Damel du Cayor, le fort militaire, le rail et l’arachide, le Marbath et la foire, l’administrateur Abel Jeandet et le Cercle, le Département et la Région. Profondément attaché à sa liberté, le Ndiambour formé d’hommes libres, de «kholbites» qui sont des Ouolofs d’origine mandingue, constituait, paradoxalement, une enclave musulmane, un «diocèse» en pays tiédo, une force d’opposition maraboutique que les Damels ont eu du mal à réduire : Le Damel Déthié Maaram (1681-1683) contre le Cadi Ndiaye Sall, Amary Ngoné Ndella Coumba (1790- 1809) contre le Serigne Coki, Amadou Makhoudia et le Serigne Niomré Mamadou Ndiaye Lo. Les exécutions qui s’en suivirent furent à l’origine de l’exil des marabouts lébous au Cap-vert. En 1859, l’alliance du Teigne et du Damel, vint à bout de l’armée du Ndiambour dont le Serigne Ali Toubé fut tué, le village de Louga brûlé».

Ce rappel historique pour confirmer que Louga, même si elle a brillé par sa résistance héroïque face aux Damel du Cayor et aux Teignes du Baol, reste et restera une terre de rencontres, un creuset de tolérance et d’hospitalité. Aussi, les rivalités politiques ne doivent-elles pas conduire à des propos xénophobes, des attitudes de rejet, des postures de repli identitaire. Car le seul tort de madame Ndoye est d’avoir dénoncé une délibération auprès de l’autorité administrative, le Préfet en l’occurrence pour n’avoir pas, selon ses dires, été convoquée lors de cette réunion délibérative alors qu’elle est pourtant l’un des adjoints au maire et donc membre du bureau municipal qui, par une ordonnance présidentielle (0005 2020) peut se substituer au Conseil afin de dégager des budgets supplémentaires pour faire face à la pandémie du Covid 19. Lorsqu’elle faisait partie du même camp, personne ne faisait allusion à son arrivée dans la ville par une «aube fraîche» et de la possibilité qu’elle quitte ses concitoyens «par un crépuscule sombre sur la pointe des pieds». Mais aujourd’hui qu’elle est passée du côté de Mamadou Mamour Diallo, les partisans de Moustapha  Diop se souviennent de manière mesquine qu’elle n’est pas native de notre bonne ville. Triste !

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